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En une vingtaine d'années, une à une, les grandes conquêtes du mouvement ouvrier ont été éliminées au nom d'une modernité incertaine, d'un progrès introuvable [1] et d'une Europe fictive qui protège.[2]

Le pire, c'est qu'on trouve toujours, même à gauche[3], quelques grands esprits[4], pas encore impactés par cette politique revancharde[5], qui justifient cette régression sociale en concluant que la lutte des classes appartient définitivement au passé...

Pour cette réforme des retraites, le gouvernement a consulté syndicats et partis politiques, tout en distillant avec habileté quelques propositions destinées à rendre la pilule moins amère[6] avec le concours des médias dominants.[7]

Une savante communication gouvernementale pour enfumer le débat... [8]

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D'abord, le pouvoir a créé un climat de peur en balançant des chiffres énormes et fantaisistes sur le refrain des générations futures victimes de nos inconséquences...[9]

Ensuite, il a désinformé[10] en évoquant diverses choses sur :

  • l'allongement de l'espérance de vie[11],
  • la pénibilité de certains métiers à prendre en compte,[12]
  • la taxation du capital et des hauts revenus,[13]

Et puis, plus tard : rétropédalage !

Il n'est plus question de pénibilité par métiers mais seulement au cas par cas, individu par individu, à la gueule du client... La taxation du capital disparait quasiment comme la mise à contribution des hauts revenus... Pour détourner l'attention, on reparle de la retraite des parlementaires ![14]...

Le gouvernement a allumé contre-feux sur contre-feux. En définitive, la droite impose un nouveau recul au Travail... qui profitera au Capital. La cheftaine du Medef, au parcours professionnel d'héritière[15], proteste mollement ! On la comprend :

L'injustice de cette réforme est résumée par un chiffre : 90 % des efforts seront supportés par les travailleurs et 10 % seulement par le capital et les hauts revenus. Ces derniers ne paieront que 4 milliards d'euros sur les 42 milliards de besoin à couvrir à l'horizon 2018. Ces 4 milliards sont dérisoires comparés aux 30 milliards d'euros par an de baisses d'impôts distribuées par la droite aux plus riches depuis 2002.[16]

La retraite à 60 ans sera réservée aux invalides, victime d'un grave accident ou d'une maladie du travail ! Les valides devront bosser jusqu'à 62 ans pour toucher une misérable pension, ou 67 ans pour bénéficier d'une pension à taux plein... L'objectif de droite est atteint : le système par répartition ne garantit plus une retraite décente pour tous... De réforme en réforme, la droite oblige ceux qui en ont les moyens à prendre une retraite complémentaire : en route vers la retraite par capitalisation ![17]

Cette réforme symbolise la dévalorisation du travail, cette valeur si souvent affichée par la droite quand elle dénigre les 35 heures.[18] . C'est aussi une arnaque qui d'une part, ne résout pas le problème de financement des retraites[19], d'autre part, impacte les autres comptes de la nation, et au final se caractérise par son clientélisme.

Bien-sûr, les médias dominants se gargarisent des maigres ponctions sur le capital et les hauts revenus... en la présentant comme la der des ders : un petit air de pipeau maintes fois entendu ! [20]

Ils omettent de signaler que le moment a été particulièrement bien choisi. En effet, la France devra renégocier au mois de juillet une bonne partie de ses emprunts...[21] Pour éviter une situation à la grecque ou à la roumaine[22], le gouvernement a donc devancé les désirs du FMI et de l'UE en annonçant cette réforme. La droite donne des gages aux spéculateurs pour conserver la fameuse note AAA ! [23]

Cette réforme injuste et clientéliste est une régression sociale sans précédent.

D'ailleurs, c'est à se demander si le capital n'est pas trop gourmand sur ce coup ? Pour la multitude des actifs, il n'y a quasiment plus d'espoir de vivre une retraite heureuse... Dès lors, qui voudra se défoncer au boulot, pour ceux qui en ont un ? Aussi, le système capitaliste néo-libéral risque soit d'exploser suite à une révolte sociale, soit d'imploser par désintérêt et désinvestissement général.

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Notes

[1] une autre vie - Retraite : Si l'âge augmente, ce sont les ouvriers qui paient

[2] La lettre volée : Naufrage de la SNCF et des retraites : avec les compliments de la Commission européenne

[3] sarkobasta: Pétition rSa, une réaction du PS

[4] Le Point : Manuel Valls donne raison aux prévisions du COR

[5] Plume de presse - Retraites : une bataille de civilisation

[6] partageons mon avis : la retraite en retrait

[7] Brive-la-Gaillarde : pour que les seniors retrouvent toute leur place dans le monde du travail

[8] Peuples.net - Retraite: la caravane gouvernementale est stoppée au kilomètre 11.000 euros

[9] J.-L. Mélenchon : Une grotesque campagne d’affolement

[10] des pas perdus - Retraites, chômage-Arrêtons la désinformation !

[11] Ruminances - Retraites : une question de vie…ou de mort ?

[12] Les Echos - La pénibilité de certains métiers sera traitée séparément

[13] TF1 - Taxer les hauts revenus pour les retraites : "chiche", dit Mailly

[14] Lait d'beu : La très dorée retraite des parlementaires

[15] le village des Nrv - La France des dynasties ou les fils et les filles de.

[16] Parti de gauche : Travailler plus pour gagner moins

[17] des pas perdus : la crise confirme l'arnaque du système des retraites par capitalisation

[18] des pas perdus - TRAVAILLER (chômer) PLUS POUR GAGNER AUTANT (une retraite de misère)

[19] sarkofrance - Retraites : l'heure des mensonges est arrivée.

[20] Le coucou de claviers: Après-demain, la retraite à 115 ans

[21] J.-L. Mélenchon: un jour incertain

[22] des pas perdus : la Roumanie au régime FMI

[23] des pas perdus : AAA ce Baaaroin !