Le seul succès de cette loi clientéliste tient à sa 1ère raison d'être : blanchir des patrons voyous ! Lors du débat, la droite avait expliqué qu'il fallait légaliser magasins ou zones commerciales qui ne respectaient pas le repos dominical, comme à Plan-de-Provence sur la circonscription du député Maillié, aux motifs que la législation était obsolète et qu'il fallait favoriser le tourisme familial...[1]
Un exemple qu'il est bon de se remémorer en ces temps d'inflation des discours sécuritaires... Ami Estrosi où es-tu ? Peut-on tout légaliser au nom de la liberté du commerce et de la sacro-sainte croissance économique ? [2]
(dans le secteur de la gare de Poitiers)
L'application de cette loi a tout de même eu le mérite d'ouvrir les yeux aux naïfs qui gobaient la vulgate néo-libérale, en particulier les fables sur le volontariat et le pouvoir d'achat :
- La fiction du volontariat : la 1ère année d'application a été le théâtre de nombreux conflits sociaux [3] démontrant combien les salariés ne sont pas prêts à sacrifier leur vie privé pour quelques sous supplémentaires. [4]
Certains salariés ont même été licenciés pour avoir refusé de travailler le dimanche. Le volontariat obligatoire est un concept militaire qui rappellera des souvenirs aux anciens appelés du contingent : bienvenue en république populaire sarkoziste ! [5]
- La fiction du travailler plus pour gagner plus : On ne va trop s'étendre sur l'antienne sarkoziste. Travailler le dimanche, même en ayant le taux horaire valorisé, revient à gagner 25 % en plus, soit quelques 8 euros supplémentaires. On comprend mieux pourquoi les salariés n'acceptent pas ce marché de dupes. [6]
D'ailleurs, la récente réponse du préfet de Paris - refusant au maire de Paris le classement des zones touristiques de la capitale en périmètre Puce, un système plus avantageux pour les salariés - confirme que le législateur sarkoziste n'a jamais eu l'intention d'augmenter le pouvoir d'achat des salariés travaillant le dimanche...[7]
Aussi, les résistances sociales et l'impopularité de la loi Maillié ont probablement ralenti la banalisation du travail dominical :
'' création de 15 Puce (périmètre urbain de consommation exceptionnelle) (... et) cinq nouvelles zones ou villes «touristiques» ont été créées... [8]
Au-delà du bilan purement comptable, l'échec de la banalisation du travail dominical prouve que la population ne se réduit pas à un troupeau de consommateurs [9] d'une part, et que les municipalités de gauche [10]- à quelques exceptions près - ont résisté aux pressions, d'autre part.[11]
Au final, l'échec de la loi Maillié démontre l'impopularité du travail dominical. Il n'empêche que cette loi a permis au patronat d'être encore plus offensif en ne respectant pas, une fois encore, la législation...
Ainsi, certaines enseignes ne respectent pas les horaires légaux d'ouverture le dimanche [12], et d'autres contestent carrément le droit au repos hebdomadaire des salariés ! [13]
Pour toutes ces raisons, il convient de rester vigilant jusqu'à ce que la droite perde le pouvoir. Il sera temps alors d'abroger la loi Maillié et de réaffirmer le principe du repos dominical.
Notes
[1] des pas perdus - la droite invente le tourisme familial dominical dans les supermarchés
[2] La Provence - Aix, Avignon, Marseille : travail obligatoire pour tous le dimanche?
[3] des pas perdus - les résistantes du dimanche
[4] des pas perdus - pas de courses le dimanche !
[5] des pas perdus - au chômage pour refus de travail dominical
[6] des pas perdus - travailler le dimanche pour 8 € de plus par mois !
[7] Le Figaro - Pas de contrepartie pour les salariés du dimanche à Paris
[8] Libération - Travail dominical : une loi qui s’épuise
[9] des pas perdus : fermeture le dimanche
[10] des pas perdus - le "socialisme" municipal banalise le travail dominical
[11] des pas perdus - pas de banalisation du travail dominical dans la capitale
[12] des pas perdus - de la délinquance patronale dominicale
[13] des pas perdus - après le repos dominical, le patronat persiste à attaquer le repos hebdomadaire !