L'UE, l'URSS du XXIème siècle?

un léger décalage...

Billet

Le gouvernement grec s'apprête à imposer de nouvelles réformes de régression sociale afin que le FMI de DSK le "socialiste" et des pays membres de l'UE daignent lui prêter quelque menue monnaie à des taux usuraires.

Un malheur ne venant jamais seul, le Portugal était pris hier dans la tourmente, au point que le chef de gouvernement social-démocrate et le leader de l'opposition de droite présentaient ensemble un plan d'urgence pour rassurer les spéculateurs marchés financiers! Aujourd'hui, c'est au tour de l'Espagne, et demain ?

Mais à quoi sert l'Union européenne ?

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Dans un précédent billet appelant à un rassemblement de solidarité avec le peuple grec, un commentateur d'obédience "socialiste" affirmait ceci :

«oui c'est le manque d'Europe, l'absence d'une vraie fédération européenne qui met la Grèce dans la menthe...dommage que cette construction aie été retardée en 2005 et soit encore prisonnière des égoïsmes nationaux.»

Le Non au référendum de 2005 aurait donc retardé la construction d'une vraie fédération européenne... ? Et, il conclut en affirmant que l'UE est encore "prisonnière des égoïsmes nationaux".

De quels égoïsmes parle-t-il ? Mystère et boule de gomme ! Est-il égoïste de défendre les services publics ? Est-il égoïste de s'opposer au dumping social ? Est-il égoïste de s'opposer au dogme de la concurrence et de la mondialisation heureuse ? C'est tout de même dommage de rester si vague sur une telle question.

Certes, imaginer de façon abstraite le devenir d'une telle construction est fort intéressant intellectuellement, mais en politique, il faut bien, un moment ou un autre, se confronter à la réalité pour éviter le mur.

Par conséquent, il faut bien se demander si ladite construction européenne qui avance, trop lentement au goût de ses thuriféraires, apporte quelques progrès dans le domaine de la recherche, de l'emploi, de l'éducation, de la santé, de la culture, de l'écologie, et du bien-être général des peuples...

Rappelons que dans le meilleur des rêves staliniens, l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques était le système idéal aussi bien économiquement, socialement et culturellement... Quand on émettait des réserves, le "stal" de service nous expliquait doctement que les imperfections de l'URSS étaient dues à sa jeunesse, à un certain retard dans sa construction, à son histoire... Autrement dit, l'URSS n'était pas suffisamment avancée dans la voie communiste, mais l'avenir s'annonçait radieux !

Aujourd'hui, les défendeurs de l'Union européenne emploient des arguments similaires. Il devient même impossible de contester le bien-fondé de l'UE, comme autrefois l'URSS, sans se faire taxer de populiste, nationaliste, réactionnaire, rétrograde, passéiste...

La comparaison entre l'UE et l'URSS est osée mais juste.

Elle est l'objet d'un livre de l'ex dissident soviétique Vladimir Boukovsky.

Pour Boukovsky, l'UE, comme l'URSS en son temps, n'est pas une démocratie. Les décisions sont prises, loin des citoyens, et sans véritable contrôle démocratique. Le Parlement européen a autant de pouvoirs sur la Commission européenne que le Soviet Suprême sur le Politburo. Il compare d'ailleurs la Commission européenne, composée de technocrates non élus, à l'ancien Politburo qui dirigeait l'URSS.

Deux systèmes reposant sur une caste de privilégiés et sur la propagande. Celle de l'UE n'a d'ailleurs rien à envier à celle de l'URSS, puisque les médias publics sont relayés par de puissants médias privés, avec en prime l'illusion de la liberté. A mesure que l'UE se construit, les discours de propagande pro UE ne cessent de s'écarter de la réalité... Ainsi, la crise actuelle révèle combien le slogan de l'Europe qui protège, entonné à droite et au P"S", est un mensonge. C'est en son nom que se font toutes les réformes de régression sociales.

Et pour conclure, nous ne boudons pas notre plaisir de citer un passage d'un excellent article de B. Cassen, le libre-échangisme, machine de guerre contre les systèmes de protection sociale :

«Hans Tietmeyer nous avait prévenus : la concurrence entre les systèmes fiscaux et donc, par ce biais, entre les systèmes de protection sociale n’est pas une exception, mais bien la règle dans l’UE. C’est pourquoi tout discours sur l’avenir des retraites, pour prendre un exemple d’actualité, relève du tour de passe-passe s’il ne prend pas en compte les logiques européennes qui, toutes, ont pour conséquence l’assèchement des ressources fiscales et salariales destinées à la protection sociale.». (Source : le journal des alternatifs)

Commentaires

1. Le jeudi 29 avril 2010, 18:29 par joel

Dans ce systéme capitaliste , y'a pas d'illusion à se faire , c'est toujours le peuple qui trinque en fin de compte, et à quel prix ! ..

ps . ca y est la chaine ! :-)

2. Le jeudi 29 avril 2010, 19:01 par des pas perdus

Bien d'accord avec toi... Je file chez toi de ce pas lire tes raisins de la colère !

3. Le jeudi 29 avril 2010, 19:04 par peuples

J'ai jugé ta comparaison à priori un peu hâtive, mais elle est tout à fait justifiée finalement. il y'a de quoi à creuser sur le thème d'un totalitarisme européen de fait sous une enveloppe démocratique

4. Le jeudi 29 avril 2010, 19:10 par des pas perdus

Peut-être est-ce une forme de totalitarisme mou... ?

5. Le vendredi 30 avril 2010, 06:00 par patrick

la france toujours victime du syndrome de Tchernobyl, à nous faire croire qu'ici nous sommes encore la nation qui compte, marche et construit.

la réforme des retraites? faut-il prêter l'oreille aux conversations du samedi matin sur le marché? réformer quoi, y'a plus d'argent, les vieux comme les jeunes sont au chômage et quand ils ne le sont plus, travaillent pour des salaires de misère...

6. Le vendredi 30 avril 2010, 08:57 par des pas perdus

Oui Patrick, l'argent est surtout mal réparti.

7. Le dimanche 9 mai 2010, 08:13 par internaciulo

La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent.
La contribution qu'une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques. En se faisant depuis plus de vingt ans le champion d'une Europe unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix. L'Europe n'a pas été faite, nous avons eu la guerre.

L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l'opposition séculaire de la France et de l'Allemagne soit éliminée. L'action entreprise doit toucher au premier chef la France et l'Allemagne.
Dans ce but, le gouvernement français propose immédiatement l'action sur un point limité mais décisif.

Photo - Déclaration Schuman du 9 mai 1950Le gouvernement français propose de placer l'ensemble de la production franco-allemande de charbon et d'acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d'Europe.
La mise en commun des productions de charbon et d'acier assurera immédiatement l'établissement de bases communes de développement économique, première étape de la Fédération européenne, et changera le destin de ces régions longtemps vouées à la fabrication des armes de guerre dont elles ont été les plus constantes victimes.

La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l'Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible. L'établissement de cette unité puissante de production ouverte à tous les pays qui voudront y participer, aboutissant à fournir à tous les pays qu'elle rassemblera les éléments fondamentaux de la production industrielle aux mêmes conditions, jettera les fondements réels de leur unification économique.

Cette production sera offerte à l'ensemble du monde sans distinction ni exclusion, pour contribuer au relèvement du niveau de vie et au développement des oeuvres de paix. L'Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l'une de ses tâches essentielles: le développement du continent africain.

Ainsi sera réalisée simplement et rapidement la fusion d'intérêts indispensable à l'établissement d'une communauté économique qui introduit le ferment d'une communauté plus large et plus profonde entre des pays longtemps opposés par des divisions sanglantes.

Par la mise en commun de productions de base et l'institution d'une Haute Autorité nouvelle, dont les décisions lieront la France, l'Allemagne et les pays qui y adhéreront, cette proposition réalisera les premières assises concrètes d'une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix.

Pour poursuivre la réalisation des objectifs ainsi définis, le gouvernement français est prêt à ouvrir des négociations sur les bases suivantes.

La mission impartie à la Haute Autorité commune sera d'assurer dans les délais les plus rapides : la modernisation de la production et l'amélioration de sa qualité, la fourniture à des conditions identiques du charbon et de l'acier sur le marché français et sur le marché allemand, ainsi que sur ceux des pays adhérents, le développement de l'exportation commune vers les autres pays, l'égalisation dans le progrès des conditions de vie de la main-d'oeuvre de ces industries.

Pour atteindre ces objectifs à partir des conditions très disparates dans lesquelles sont placées actuellement les productions des pays adhérents, à titre transitoire, certaines dispositions devront être mises en oeuvre, comportant l'application d'un plan de production et d'investissements, l'institution de mécanismes de péréquation des prix, la création d'un fonds de reconversion facilitant la rationalisation de la production. La circulation du charbon et de l'acier entre les pays adhérents sera immédiatement affranchie de tout droit de douane et ne pourra être affectée par des tarifs de transport différentiels. Progressivement se dégageront les conditions assurant spontanément la répartition la plus rationnelle de la production au niveau de productivité le plus élevé.

A l'opposé d'un cartel international tendant à la répartition et à l'exploitation des marchés nationaux par des pratiques restrictives et le maintien de profits élevés, l'organisation projetée assurera la fusion des marchés et l'expansion de la production.

Les principes et les engagements essentiels ci-dessus définis feront l'objet d'un traité signé entre les Etats et soumis à la ratification des parlements. Les négociations indispensables pour préciser les mesures d'application seront poursuivies avec l'assistance d'un arbitre désigné d'un commun accord; celui-ci aura charge de veiller à ce que les accords soient conformes aux principes et, en cas d'opposition irréductible, fixera la solution qui sera adoptée.

La Haute Autorité commune chargée du fonctionnement de tout le régime sera composée de personnalités indépendantes désignées sur une base paritaire par les gouvernements; un président sera choisi d'un commun accord par les gouvernements; ses décisions seront exécutoires en France, en Allemagne et dans les autres pays adhérents. Des dispositions appropriées assureront les voies de recours nécessaires contre les décisions de la Haute Autorité.
Un représentant des Nations Unies auprès de cette autorité sera chargé de faire deux fois par an un rapport public à l'ONU, rendant compte du fonctionnement de l'organisme nouveau, notamment en ce qui concerne la sauvegarde de ses fins pacifiques.

L'institution de la Haute Autorité ne préjuge en rien du régime de propriété des entreprises. Dans l'exercice de sa mission, la Haute Autorité commune tiendra compte des pouvoirs conférés à l'Autorité internationale de la Ruhr et des obligations de toute nature imposées à l'Allemagne, tant que celles-ci subsisteront.

8. Le dimanche 9 mai 2010, 09:10 par des pas perdus

Merci internaciulo. L'URSS c'était aussi la paix des peuples... et le COMECON aussi.

L'Europe est une belle idée qui peut vivre en dehors de la guerre économique et sociale organisée par l'Ue sous l'oeil bienveillant des Etats-Unis.

Je ne résiste pas à vous conseiller la lecture d'un ouvrage : l'Europe sociale n'aura pas lieu

9. Le dimanche 9 mai 2010, 11:24 par internaciulo

Merci internaciulo. L'URSS c'était aussi la paix des peuples... et le COMECON aussi.

Je répondrais plus tard à ça dans un article que je prépare pour une publication sur intox2007.info

Je ne résiste pas à vous conseiller la lecture d'un ouvrage : l'Europe sociale n'aura pas lieu

Faisons les choses dans l'ordre

L'Europe doit devenir _politique_ et _démocratique_ ; alors seulement peut-être elle pourra devenir sociale.

Mais je vais lire l'ouvrage...

10. Le dimanche 9 mai 2010, 18:34 par des pas perdus

Pouquoi le social devrait passer en dernier ?

Vous verrez, cette lecture vous réservera quelques bonnes suprises.

11. Le dimanche 9 mai 2010, 20:32 par internaciulo

Parce que ce sont toujours les avancées démocratiques qui permettent les percées sociales.

12. Le lundi 10 mai 2010, 04:25 par internaciulo

Et hop, encore une fois les nonnistes auront été trop pessimistes !!

Article 122-2 du scandaleux traité de Lisbonne :

"Lorsqu'un Etat membre connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison de catastrophes naturelles ou d'événements exceptionnels échappant à son contrôle, le Conseil, sur proposition de la Commission, peut accorder, sous certaines conditions, une assistance financière de l'Union à l'Etat membre concerné. Le président du Conseil informe le Parlement européen de la décision prise."

C'est pas moi qui le dit, c'est la nonniste Pervenche Berès

Et l'UE vient de décider de mettre en oeuvre l'article, ouvrez vos journaux (pas chez Edgar & cie qui vivent dans le passé)

13. Le lundi 10 mai 2010, 04:30 par internaciulo

Suivez @quatremer pour avoir les bonnes infos

14. Le lundi 10 mai 2010, 08:09 par des pas perdus

internaciulo : Pour les avancées démocratiques, regardez ce qui se produit en Grèce où toutes les mesures concernant le plan de rigueur ne sont plus soumises au parlement... le peuple est si passéiste et ni comprend rien, manquerai plus de le consulter...

Réaction tardive de l'UE qui permettra de nouvelles avancées... néo-libérales !

Je lis quasiment quotidiennement le petit télégraphiste de Bruxelles...