La démondialisation de J. Sapir

un léger décalage...

Billet

La démondialisation de l'économiste Jacques Sapir est un livre passionnant et abordable pour un néophyte en économie. Cet essai s'appuie sur des exemples concrets et un déroulé historique pour expliquer le présent, en particulier les crises économiques et sociales qui secouent le monde. Par ailleurs, l'analyse combinée des enjeux de Bretton Woods et du système imaginé par Keynes vaut vraiment le détour.

Sapir montre combien la mondialisation n'est ni heureuse, ni un phénomène naturel, ni une fatalité, mais résulte de décisions éminemment politiques qui portent le sceau de l'idéologie néo-libérale.

Nous ne ferons pas une synthèse de cet essai puisque d'autres l'ont déjà très bien fait. Par contre, nous publions quelques extraits significatifs qui s'inscrivent dans l'actualité européenne et hexagonale.

la-demondialisation-de-jacques-sapir-le.jpg

Sur l'élargissement de l'Union européenne ces dix dernières années :

Ce processus ne prend sens que si on le conçoit comme la matérialisation de la volonté de nos élites de casser le modèle social ouest-européen en le soumettant très brutalement à la concurrence de ces nouveaux entrants.

Sur l'UE qui protège :

L’Europe n'a ni protégé les salariés des pays occidentaux, ni apporté une convergence sociale rapide pour les salariés des nouveaux entrants. Elle a, au contraire, conduit à un nivellement par le bas toujours plus poussé des situations sociales dans l’industrie, pour les plus grands profits, bien entendu, des grandes entreprises.

Sur la politique de la droite :

fait stagner les salaires, en particulier ceux qui sont inférieurs à la médiane. (…) Cette politique de paupérisation accélérée des classes populaires se traduit aussi par une pression de plus en plus forte sur les classes moyennes. (…).

Sur la politique proposée par le PS :

la « société du care », repose sur une illusion. Comment, en effet, organiser une société de plus répartition uniquement en jouant sur les leviers économiques sociaux alors que les leviers économiques condamnent radicalement une telle politique ? Nous voyons aujourd’hui le Danemark abandonner le volet « sécurité » de sa trop fameuse « flexisécurité ».

Pour Sapir, l'expérience prouve que l'économique et le social sont indissociables :

Ceci montre par ailleurs bien l’inanité qu’il y a à vouloir séparer le social de l’économique. De ce point de vue, tombe sous la même critique le slogan du Front national qui se prétend « de droite en économie et de gauche socialement » ? Il n’y a aucun sens et aucune logique à vouloir séparer les deux registres. Toute politique de droite en économie aboutit immanquablement à une politique de droite dans le social. Tel est le bilan que l’on peut tirer de l’histoire économique de la France depuis les années 1980.

Aussi, est-il illusoire de prétendre que l'Union européenne protège d'une part, et qu'une politique de gauche est possible en respectant les dogmes néo-libéraux du traité de Lisbonne, d'autre part.

Ces éléments-là ont probablement incité Jacques Sapir à soutenir la démarche du Front de gauche dès 2009. [1].

affiche_meeting.JPG

Notes

[1] ContreInfo - Sortir du dirigisme libéral

Commentaires

1. Le mardi 28 juin 2011, 19:15 par Annie

(personne ? ou ils n'ont rien à dire ?)
l'économie est l'essentiel. J'écoutais la der de Généreux sur f.info, et me disais que c'est absolument indispensable à faire écouter… mais personne ne comprend rien. Alors il va falloir que j'explique, c'est pas des plus simple de faire du didactique sur un truc si complexe. Je m'y colle depuis un bail. Sans trop de succès. C'est aussi ce qui peut, s'ils comprennent - pas seulement instinctivement mais avec leur cerveau - ce qui doit faire basculer l'électorat… vers le FdG (bien que je trouve que 80 % au PC c'est pas mérité) évidemment !

2. Le mercredi 29 juin 2011, 09:20 par des pas perdus

Ceci n'est pas un blog influent ;-)

Je suis d'accord avec toi. Il faut mener une campagne de proximité pour justement convaincre...

3. Le mercredi 29 juin 2011, 09:21 par des pas perdus

Ceci n'est pas un blog influent ;-)

Je suis d'accord avec toi. Il faut mener une campagne de proximité pour justement convaincre...

4. Le mercredi 29 juin 2011, 14:03 par cpolitic

Le concept de mondialisation a été inventé par les USA pour justifier l'injustifiable.
Et les gogos européens ont repris le discours afin de briller dans les salons.
Mais au final, la question est: que fait on?
Une bonne révolution comme au bon vieux temps? Sauf que la technologie est passée par là, et en grèce, en espagne, la rebellion sera impitoyablement matée, à coup de flash ball, taser et autres joyeusetés.
Nous en sommes réduits à constater les dégâts, gueuler sur internet et dans les rues, et à voter, en subissant la connerie de la majorité au détriment de la lucidité d'une minorité bien informée.
Une république en phase terminale qui ne peut finir que dans le mur.

5. Le mercredi 29 juin 2011, 17:26 par pamphile

Attendons de voir l'impact du discours de Mélenchon par les canaux de la télé. C'est une tribune qui risque de faire découvrir des horizons nouveaux à certains.
Ca suppose aussi de relayer à la base les idées-forces développées.
Et puis les révoltes grecques, peut-ête espagnoles, peuvent servir de réveil salutaire.
Ils ont été très loin (trop) les fanatiques du pognon !

6. Le jeudi 30 juin 2011, 08:23 par des pas perdus

cpolitic : le Front de gauche offre un débouché politique pour réussir la révolution citoyenne par les urnes.

pamphile : j'ai écouté le journal de 7 h sur Inter. C'est clair, le meeting du front de gauche qui a réuni plus de 6500 personnes hier soir, place Stalingrad n'a jamais existé ! Comme l'ont dit plusieurs orateurs, on ne pourra compter que sur nous pour relayer nos idées.