la «vraie gauche»

un léger décalage...

Billet

Hier soir sur twitter, le kremlinologue bicêtrois number one des blogs a ironisé sur la «vraie gauche», reprochant au Front de gauche de taper sur le PS...

On ne goûte guère l'expression «vraie gauche» parce qu'elle renvoie à la notion de vérité, étant entendu que celui qui l'écrit ou la prononce est sûr et certain de la détenir, et du même coup induit que ceux qui ne partagent pas ses engagements, sont dans l'erreur et propagent des mensonges. Enfin, elle a toute l'apparence d'un jugement sans appel qui n'incite pas à dialoguer sereinement. Une expression foutoir à l'instar de populisme.

La gauche est multiple : les anarchistes, les différentes fractions trotskistes, les communistes, les maoïstes, les staliniens, les anticapitalistes, les socialistes, les républicains de gauche, les sociaux-démocrates, les écologistes...

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Les divisions de la gauche sont autant de preuves que les uns et les autres, à un moment de l'histoire, ont tous échoué.

La position hégémonique du PS et le chantage au vote utile en font une formidable machine électorale malgré ses dysfonctionnements et ses profondes dissensions internes.

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Ce leadership est un avantage déterminant par rapport aux autres partis de gauche. Et un inconvénient car le PS se fossilise, se révèle incapable de se remettre en question, de penser et d'agir collectivement. Le PS n'est plus qu'un parti de notables, d'élus, de cumulards, de collaborateurs d'élus, de futurs élus, et de militants-salariés qui doivent leur emploi au parti. A part quelques francs-tireurs à la Filoche ou du mouvement Utopia, tous ces gens-là ne sont plus ensemble par convictions communes pour proposer un dessein commun.

En effet, qui y-a-t-il de commun entre l'aile gauche et l'aile "démocrate ou blairiste" ? Entre un social-démocrate fidèle à ses engagements et un social-libéral qui croit en la mondialisation libérale et au libre-échange heureux ? Entre l'un qui vote le contrôle budgétaire de l'UE et l'autre qui s'y oppose ? Juste une histoire de moins en moins commune et la carte du parti qui constitue une sorte de garantie pour se faire réélire...

Si le PS demeure la première force, il n'en demeure pas moins que les autres composantes à gauche n'en sont pas moins légitimes à défendre leurs idées, à provoquer le débat, à critiquer et à espérer un autre rapport de forces à gauche.

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Critiquer le PS comme le fait régulièrement le Front de gauche est un exercice qui n'est ni réjouissant en soi, ni réductible à de la surenchère, genre «plus à gauche que moi tu meurs» ! Critiquer n'est pas taper mais informer que le PS est -nous semble-t-il- dans l'erreur en se soumettant à l'idéologie néo-libérale qui lui interdit de toute remise en cause du capitalisme et de l'ordre économique et social.

Les politiques néo-libérales doivent être dénoncées et combattues, où qu'elles soient et quels que soient leurs initiateurs et leurs maitres d'œuvre : Thatcher, Pinochet, Clinton, Blair, Merkel, Schröder, Berlusconi, Barroso, De Villepin, Papandréou, Sarkozy, DSK, Lamy...

Il s'agit juste d'informer en délivrant des faits avérés...

Commentaires

1. Le vendredi 4 février 2011, 18:53 par lediazec

C'est très agaçant d'entendre parler de "vraie gauche" quand approche l'heure des dividendes - vote utile, etc - et que l'électeur, le militant, l'homme de cœur ne cesse pas de gerber le côté épicier de la demande.
Je suis de gauche et je voterai Front de Gauche. Pour le reste, je n'ai pas besoin d'ajouter le moindre adjectif à l'appellation.

2. Le vendredi 4 février 2011, 20:17 par des pas perdus

Bien dit.

3. Le vendredi 4 février 2011, 22:25 par sylvie

PS canada dry de gauche : ça en a la couleur, l'odeur, le style et le langage, mais ce n'est plus de la gauche…

4. Le samedi 5 février 2011, 07:34 par des pas perdus

Au niveau des dirigeants, c'est certain.

5. Le samedi 5 février 2011, 09:15 par GdeC

je le dis et le répète : est ce notre faute à nous si le PS a laissé se déplacer son centre de gravité vers la droite, et le libéralisme ? Plus jamais ça...

6. Le samedi 5 février 2011, 09:29 par sylvie

C'est clair ; le militant socialiste de base n'a plus que deux options : manger son chapeau et suivre aveuglément cette dérive. Ou demander l'asile politique… au PG ?
Croire encore à une possibilité de faire bouger le centre de gravité du PS est une illusion désormais certaine.

7. Le samedi 5 février 2011, 10:07 par lediazec

De même que Sarko traine son oligarchie, le PS a ses hiérarques qui n'ont qu'une obsession : gouverner à la manière de... Or le militant de base au PS, lequel a déjà mangé et digéré son chapeau depuis des lustres, se console en se repassant le film culte d'un passé glorieux, Jaurès, Blum...
L'arnaque morale et politique vient de l'appellation même : socialiste. Tant que le PS n'aura pas le courage de se redéfinir, il y aura, effectivement, une "vraie gauche" ostracisée et une contrefaçon qui ne passera jamais la douane autrement que par la contrebande.

8. Le samedi 5 février 2011, 10:18 par Lutopick

Bravo. L'exercice est "fort casse gueule" mais tu l'as fort bien réussi. Mettons une bonne Gauche à la Droite, sur l'exemple de Chavez ;o)

9. Le samedi 5 février 2011, 17:53 par des pas perdus

En effet GdeC.

Je partage ton avis Sylvie, changer le PS est une illusion et une terrible erreur.

Oui Lediazec, mais je ne pense pas que le PS changera tant qu'il dominera la gauche, ce qui lui assure une sorte de rente électorale pour la cour et la basse-cour.

Merci Lutopick.

10. Le samedi 5 février 2011, 22:03 par laetSgo

je souscris entièrement ! Le P"S" a dérivé..à droite...le FDG et le PG incarnent ce que devrait être une "vraie" gauche ! D'ailleurs si l'on s'en réfère aux discours de Jaurès, même le PG n'est pas assez radical...mais bon, faut vivre avec son époque comme on dit !

11. Le mardi 8 février 2011, 17:58 par Annie

très bien expliqué de plus succinctement ce qui n'est pas évident

12. Le mardi 15 février 2011, 18:31 par des pas perdus

merci et d'accord avec vous, Mesdames .